La Philosophie Bouddhiste
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Les Principes de la Philosophie Bouddhiste
L'idée bouddhiste met l'accent sur le dépassement de soi et l'acceptation inconditionnelle de nos émotions. Peut-elle nous guérir de nos névroses ? Une enquête s'impose.
Florence, 51 ans, a déclaré après avoir entendu un discours du Dalaï Lama : "Le bouddhisme m'a aidé à accepter la mort et le nihilisme. Grâce à lui, je vis plus pleinement chaque instant, sans redouter l'avenir. C'est une excellente leçon de discernement que d'embrasser la vieillesse, la maladie, et tout simplement de vivre dans le présent."
Combien, parmi les six cent mille bouddhistes autoproclamés en France, pensent que cette "foi" - lointaine, non violente et non dogmatique - pourrait être une thérapie puissante ?
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La souffrance universelle
Le lien entre le bouddhisme et la psychanalyse n'est pas nouveau. Depuis les années 1950, de grands psychologues et psychanalystes anglo-saxons comme l'Américain Erich Fromm et la Britannique Nina Coltart ont tenté de saisir les enseignements fondamentaux de cette philosophie orientale. Les "quatre nobles vérités" du Bouddha affirment que la souffrance est universelle.
"La sagesse spirituelle n'est pas une idée nouvelle", note Fabrice Midal, philosophe et enseignant bouddhiste. "Il ne s'agit pas de comparer deux théories, mais plutôt de confronter deux discours applicables à l'homme en proie à ce que Freud appelait le "malaise de la civilisation", selon Fabrice Midal, philosophe et bouddhiste. C'est par cette conscience ouverte, sans jugement, que le bouddhisme s'efforce d'améliorer notre existence."
Marie-France, 54 ans, est devenue bouddhiste après avoir été tourmentée par une grave dépression à la suite du décès de sa mère : "La méditation m'a permis de comprendre qu'elle avait fait tout ce qu'elle pouvait. C'est grâce à la méditation, qui nous permet de percevoir le bouleversement que nous vivons et d'éteindre notre film intérieur en nous voyant là, respirant dans le présent."
Regarder à l'Intérieur
Comme l'a dit Sayadaw U Pandita, "Nous avons toutes les réponses en nous-mêmes, si nous pouvons simplement comprendre comment les chercher" Nous sommes nos propres alliés dans le changement.
L'adepte idéal du dharma - les lois générales qui régissent l'ordre des êtres et des choses - est censé prendre conscience de ce qui l'irrite par des méditations au cours desquelles il laisse passer ses émotions sans s'y attarder. En psychothérapie, le patient ne fait rien d'autre : il se concentre sur ses sentiments. Il essaie de comprendre pourquoi ils se sont produits dans son passé et ce qui les réactive au lieu de les laisser passer.
Du coup, la méditation et la cure analytique sont liées dans l'écoute de ce qui vient sans a priori. Martin, bouddhiste depuis sept ans, explique : "Il m'a fallu de nombreuses années de pratique avant que la méditation ne m'ouvre véritablement à moi-même.
Elle me permet de me concentrer sur les choses qui sont les plus importantes pour moi en ce moment, elle m'apprend à lâcher prise et à libérer mes émotions, et elle me recentre au sens propre du terme, en me remettant de bonne humeur. Par conséquent, elle rétablit ma connexion avec le monde extérieur.
La Compréhension et la Lacher Prise
"J'ai été abandonnée à la naissance, adoptée par une famille, puis récupérée par la Ddass avant d'être adoptée une seconde fois par une famille très attentionnée", note Carine, mère de trois enfants.
À l'âge adulte, je souffrais d'une terrible agonie. Je me suis sentie obligée de visiter un temple bouddhiste, car tout ce que je voulais, c'était le silence et la méditation. Évidemment, c'est la psychothérapie qui m'a le plus aidé à gérer mon histoire traumatique.
Quand vous êtes à l'agonie, vous ne pouvez pas rester assis et méditer. Ma psychothérapie m'a enseigné mon expérience personnelle. Cependant, c'est par le bouddhisme que j'ai pu atteindre ce niveau de "lâcher prise"
"J'arrêterai la psychothérapie quand j'irai mieux, mais je continuerai à pratiquer le bouddhisme. Mais même si je continuerai à pratiquer le bouddhisme : accepter mon humanité est le travail de toute une vie."
Une rencontre qui suit involontairement les orientations du philosophe et psychologue américain John Welwood (Pour une psychologie de l'éveil, La Table ronde), à mi-chemin entre spiritualité et traitement thérapeutique. Il promeut une "psychologie de l'éveil" qui mêle bouddhisme et thérapie. Selon lui, le processus thérapeutique peut être parfois trop rigide, il faut donc l'adoucir dans une vision du monde caractérisée par une profonde spiritualité. À méditer.
Se Guérir avec le Bouddhisme
Le bouddhisme zen n'est-il pas juste un autre article de "développement personnel" sur l'étagère ? Ce n'est pas si simple. Je ne crois pas qu'il y ait une rupture nette entre ce que recherchent certains Occidentaux et ce que le bouddhisme a à offrir. Selon Frédéric Lenoir, philosophe et sociologue des religions (auteur de La Rencontre du bouddhisme et de l'Occident, Albin Michel), "Qu'est-ce que le bouddhisme zen a à offrir ? "
L'idéologie la plus opposée à laquelle le bouddhisme est confronté aujourd'hui est le développement personnel, auquel notre société contemporaine nous invite à parvenir par des affirmations telles que "Réalisez-vous, libérez votre créativité...". Car le but ultime du bouddhisme est le détachement, l'absence de désir. Alors, pourquoi ne pas utiliser un coussin de méditation, de l'encens ou une statue de Bouddha comme une forme d'expiation intérieure ?
Ne parlons pas du bouddhisme, et ne parlons pas de la psychothérapie en action : "Le but de la psychothérapie est d'aider les gens à changer l'affirmation "je souffre" en "je vais bien", selon Christophe Fauré, psychiatre et bouddhiste pratiquant. Le but du bouddhisme est de repousser la souffrance en nous obligeant à nous interroger sur notre existence. Selon les règles bouddhistes, l'idée qu'il existe un "je" réel mais faux est source de souffrance. C'est une question pour laquelle il n'y a pas de réponse facile. Cela n'a rien à voir avec la thérapie ; c'est une énigme métaphysique."
Le secret du bonheur consiste à apprendre à gérer ses émotions et à mener une vie réussie. Selon la théorie selon laquelle les ondes cérébrales s'arrêtent lorsque l'âme s'en va, les bouddhistes pensent qu'il est possible que leur âme quitte temporairement leur corps pendant leur sommeil. Ce phénomène a été observé bien avant la naissance du christianisme en 600 avant J.-C. ; on trouve dans divers documents historiques des références à un roi indien nommé Asoka qui a découvert que son âme quittait son corps pendant la méditation et voyageait dans l'espace.
Pratiquer la Méditation
La plupart des Occidentaux qui sont attirés par la méditation parce qu'ils croient qu'il s'agit d'un type de technique de relaxation sous-estiment les risques qu'ils encourent s'ils traitent leur mélancolie avec la posture du lotus.
Selon le Dr Jean-Pierre Schnetzler, disciple bouddhiste de Kyabde Kalu Rinpoché (1904-1989), une utilisation incorrecte de la méditation peut avoir des conséquences importantes : "On peut désirer méditer pour de nombreuses mauvaises raisons, qui vont détourner le processus de méditation en sa faveur.
Un individu doux et introverti cultivera un moi soigneusement protégé des autres. Un autre idéaliste au surmoi dur peut découvrir l'occasion de réprimer ses pulsions et de s'imposer une ascèse sévère, tout en gardant une excellente conscience.
Cette forme de "maladie zen" n'est pas inhabituelle, d'où la nécessité d'un maître vigilant. Un sujet narcissique s'épanouira dans la culture grandiose de ses caractéristiques et développera une arrogance de personnalité égoïste difficile à supporter pour les autres. Ce genre de "maladie zen" n'est pas rare, d'où la nécessité d'un instructeur vigilant."